Métiers de la Prévention

Face à l’émergence et à la fréquence de pandémies, face au dérèglement climatique, à la croissance et à la concentration démographiques, nous devons désormais relever de plus nombreux défis pour préserver notre santé, qu’elle soit collective ou individuelle.

Dans cet environnement, apparaissent de nouveaux besoins révélant des fragilités structurelles et sociétales de notre société, à commencer par le vieillissement.

Ces besoins d’écoute, d’attention, d’accompagnement ne trouvent pas vraiment de réponses adaptées dans des filières, des formations spécifiques.

Nous savons que la prévention serait la solution.

Mais notre culture ne nous a pas habitués à nous emparer de notre santé pour la protéger et à prévenir la maladie ou ses complications.

Les incitations sont limitées pour les Français habitués à la prise en charge des soins par la collectivité, à la différence de 95% des autres habitants de la Planète, pour lesquels être malade équivaut à une catastrophe et rime souvent avec décès, perte d’emploi, ou survie financière.

Malgré des velléités de changement avec Ma Santé 2022, notre système demeure sous-tendu par le curatif.

In fine, la prévention n’a pas encore trouvé sa place dans le pays des soins pour tous.

Mais, la crise sanitaire est arrivée. Elle a montré un élan de solidarité et de générosité d’un côté…et de l’autre, a révélé les failles de notre système de santé dont les vulnérabilités sont apparues au grand jour.

Tout d’abord, ce furent les écarts, parfois considérables, entre Français, au regard de leur mode de vie et de leur éducation à la santé.

Ainsi, la saturation des services de réanimation de cette terrible année 2020, au-delà d’une majorité des plus âgés, a été aussi le fait de nombreuses personnes en état d’obésité ou de surpoids, ou/et atteintes de diabète. Ces dernières, plus vulnérables que d’autres, n’ont pu faire face aux maladies respiratoires engendrées par le virus.

Cette saturation a été aussi révélatrice des tensions importantes dans les établissements de santé par manque de personnel médical, comme d’infirmières et d’aide soignants, situation bien antérieure à la crise.

Elle a tout d’abord stigmatisé la souffrance du personnel soignant, tant au regard du changement de gouvernance des établissements, que de l’attitude de certains patients devenus des consommateurs impatients, d’un enseignement éloigné de la réalité du terrain, pour ne pas parler d’une grave crise des vocations.

Une fois passés l’effet de sidération et l’intensité de la mobilisation autour de l’afflux massif de malades … les journées de 48h, les semaines de plus de 70h, l’absence de vacances, ont éprouvé plus que jamais un personnel épuisé physiquement et psychiquement.

Cette situation a conduit beaucoup à la désertion, et des établissements à la fermeture de lits, faute de candidats au remplacement.

A la crise des vocations et à la désertion des soignants, s’ajoute la désertification médicale dans le tableau noir de notre système de santé post-Covid, réalité française qui accentue depuis plusieurs années des écarts importants dans une même région, entre départements, entre grandes villes et petites, urbains et ruraux, autour d’un axe appelé la « diagonale du vide». Face à l’urgence, cette crise a accentué aussi la solitude de beaucoup, et de certains territoires « oubliés » du système : les insulaires, les DOM-TOM, les ruraux, les étudiants… le vieillissement, et le désarroi des familles et des aidants pour éviter le pire.

Parallèlement, cette drôle de guerre du Covid-19 a montré l’engagement de nombreux citoyens, de tous horizons, sur le terrain. Ce contexte singulier a amené une quête de sens chez nombre de salariés ou de travailleurs indépendants qui souhaitaient se reconvertir vers une économie solidaire.

Enfin, de manière insidieuse, elle a cristallisé les fragilités mentales de notre société, accusant une détresse psychologique d’une partie de la population, face à l’incertitude et à la mort, banalisant les burn-out des soignants, et de tous ceux qui se mobilisaient dans la crise, sans parler des tendances suicidaires, notamment des plus jeunes.

Nombre de ces affections et maux pourraient être diminués et amoindris avec la mise en place d’un accompagnement adapté à chaque situation, à chaque individu, voire à des entreprises ou à des organisations.

Et si la prévention s’accomplissait, en réalisant une mutation visible, grâce à l’humain.

L’humain reste indispensable pour répondre aux nouveaux enjeux de la santé, qu’il s’agisse du vieillissement de la population, des risques psycho-sociaux, de la prévalence de l’obésité et du diabète, ou du secours.

Aujourd’hui, pour ceux qui voudraient poursuivre leur engagement sur le terrain, il existe peu de formations dédiées à la prévention, et elle se situent le plus souvent dans le cadre de cycles dédiés aux professionnels de la santé.

Pourquoi ne pas imaginer des formations et une filière pour celles et ceux, qui ne sont pas soignants et dont l’aspiration serait d’aider les autres, sur des missions variées, aux côtés des établissements de santé ou d’autres acteurs publics et privés en proie à des tensions et à des besoins d’apaisement ?

Force est de constater dans les hôpitaux, dans les EPHAD, dans les maisons de santé, dans nombre de territoires, un manque de personnel formé à la prévention, et un déficit de solutions d’accompagnement adaptées à des besoins immenses.

42 millions de soignants seraient d’ores et déjà nécessaires dans le monde d’après une étude récente de la Chine…avant le COVID-19.

Au lendemain des travaux du Ségur de la Santé, à un moment clé pour repenser le système de santé dans sa globalité, le personnel hospitalier, comme libéral, tire la sonnette d’alarme sur leur surcharge de travail et sur le déficit d’attractivité de ces métiers pour les plus jeunes.

La création de métiers dédiés à la prévention pourrait être le jalon manquant d’un système de santé trop souvent tourné vers le soin et l’urgence, et trop peu sur le parcours de santé. 

Pourquoi ne pas oser rendre attractifs ces métiers, grâce à une nouvelle conception de la formation, résolument tournée vers l’humain, plus attractive et performante en s’appuyant sur des outils technologiques, tels que les Mooc, le e-learning, les serious-games, …

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