Safe Parti est née d’une tribune « vague » inspirée par le tableau d’Hokusaï, appelant à tirer les
enseignements de la crise sanitaire, intitulée :
« Et si la déferlante de la Covid amorçait une nouvelle ère, nous obligeant à mieux préparer la
répétition de ce phénomène ».
Safe Parti est un nouveau « think et do-tank » rassemblant plusieurs cosignataires de la tribune, parmi lesquels des personnalités d’univers différents, tels que des journalistes, des auteurs, des scientifiques, des professionnels de la santé, du sport, de la culture, de l’événementiel ou des ressources humaines.
La vocation de ce groupe est de pouvoir utiliser l’expérience et l’expertise de la crise sanitaire de ses
membres, qu’ils appartiennent à la santé ou à d’autres secteurs, pour mieux anticiper et préparer notre pays à de nouvelles pandémies.
Safe Parti entend devenir force de propositions et co-construire des actions visant à sensibiliser, dès le plus jeune âge, à la fréquence de phénomènes de pandémie, notamment en rendant plus accessibles la culture et les informations scientifiques, comme une meilleure connaissance des pathologies et des enjeux de la vaccination.
Safe Parti se veut aussi un lieu de partage, de coopération, d’enrichissement mutuel entre des
professionnels de secteurs et de profils très différents.
Notre objectif est que chacun puisse mieux se préparer et mieux nous préparer, tous, à vivre une
pandémie, sans que la vie s’arrête.
1. Pour un « Ground Zéro sanitaire » qui nous permette de tirer les enseignements de la crise de la Covid-19 et pérenniser de bonnes pratiques
Vingt ans après les attentats du 11 septembre, nous réalisons à quel point, chaque jour, ces événements ont impacté de manière irréversible et profonde notre quotidien.
De nouvelles pratiques, de nouveaux usages et règles sont devenus des concessions à notre liberté, mais devenus nécessaires à la prévention d’attaques terroristes.
De la même manière, la situation inédite de la Covid-19 a redéfini notre vision de la santé, en démontrant qu’un simple virus pouvait mettre le monde à l’arrêt.
La crise sanitaire de la Covid-19 a rebattu les cartes, hissant la santé à la première place des
préoccupations des Français, devant la menace terroriste et l’environnement. (1)
Cependant, les bonnes pratiques de prévention peinent encore à convaincre : moins de 4 Français sur 10, soit 38%, reconnaissent vouloir changer leurs habitudes en matière de prévention ou prendre part à une campagne de dépistage (2).
Qu’il s’agisse du lavage des mains, du port du masque, du dépistage ou
de la vaccination, la crise sanitaire a permis de généraliser des pratiques de prévention qui n’étaient pas encore évidentes ou répandues en France.
Au-delà de l’engagement des Etats, la capacité de la société civile à s’emparer du sujet de la pandémie et à l’anticiper, est ainsi devenu un enjeu majeur.
PROPOSITIONS
1°) Une loi d’orientation « sanitaire » : RETEX/REFLEXE (3)
– Organiser une conférence dédiée à la Prévention du Risque Sanitaire associant des
représentants de tous les secteurs impactés/concernés, autour d’un retour d’expérience
(RETEX) sur les mesures d’urgence, les pratiques et les obligations qui doivent être pérennisés
/ intégrés et/ou améliorés en cas de pandémie.
– Créer un corpus de propositions à partir des enseignements et du bilan partagé des mesures
d’urgence, comme des propositions et des actions fléchées dans les domaines les plus impactés
et impactant dans une crise sanitaire (santé, éducation, recherche, emploi, culture, transport,
industrie, loisirs, tourisme, hôtellerie et restauration…).
– Permettant l’émergence d’un projet de loi cadre définissant l’ensemble des adaptations
du système de santé aux enjeux des pandémies futures ; exemple : attractivité de la France
pour les essais cliniques, accélération des processus administratifs de mise sur le marché,
multiplication des acteurs de la vaccination, simplification du parcours vaccinal, …
2°) Créer une Cellule Interministérielle de Permanence et de Vigilance Sanitaire (CIPVS)
– chargée d’opérer une veille permanente sur les virus pouvant émerger à travers le globe
en mesure de mieux anticiper et préparer une catastrophe sanitaire
o à l’instar du plan Vigipirate destiné à la lutte contre le terrorisme,
o à l’instar de l’Institut national de recherche pour la prévention des désastres du Japon
considéré comme le meilleur système d’alerte au monde, coopérant avec d’autres Etats
exposés par les risques sismiques, comme le Costa Rica.
– chargée de renforcer une meilleure éducation des mesures d’hygiène et des gestes pour
une meilleure prévention, dès le plus jeune âge, par des actions ciblées au niveau local,
régional et national, avec les professionnels de santé et des patients experts.
– intégrer et développer une culture de la prévention dans le domaine professionnel,
notamment auprès des organisations/publics où l’accompagnement/la sensibilisation sont
souvent inexistants, comme dans le cas des TPE/PME, des professions libérales et indépendants,
des fonctionnaires.
3°) Entretenir la mémoire et le savoir de tous par une date et un lieu
– une date pour entretenir la mémoire et les enseignements de la crise sanitaire / des crises
sanitaires/pandémies dans notre Histoire,
– un lieu pour célébrer les héros et les héroïnes de la Covid-19.
– un lieu pour transmettre ce que nous devons savoir et faire, face à une pandémie.
4°) Collecter l’ensemble des données générées
Durant cette pandémie, de nombreuses données ont été mises en exergue : les mettre à disposition en Open data pour améliorer la confiance dans la vaccination et stimuler les recherches épidémiologiques.
De même répertorier les outils numériques (TLMédecine, TLExpertise, TLSoins) qui ont permis de
simplifier les parcours patients et créer du lien à distance.
Enfin identifier les critères d’évaluation clés qui permettront des éléments de comparaison.
5°) Prévoir une enveloppe budgétaire pour gérer des stocks « tampon » de dispositifs et de
médicaments à la disposition de l’Etat gérés de manière dynamique par les entreprises avec une logique
d’économie circulaire.
2. Une nation scientifique
Nous ne sommes pas tous égaux en matière d’éducation et la crise sanitaire a révélé des disparités
profondes de culture scientifique en France.
Ce manque de connaissance et d’esprit critique a largement contribué à la propagation d’un nombre
significatif de fausses informations (fake-news), relayées et entretenues par les réseaux sociaux, voire par les médias, alimentant diverses théories complotistes.
Dans certains cas, la multiplication d’informations non vérifiées en santé, a entraîné des sur-hospitalisations, voire des décès. Pour freiner cette prolifération, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a alerté sur les différents mensonges qui circulaient concernant la Covid-19, notamment à travers son site internet, où elle a référencé les principales « fakes-news ».
Ce déficit de culture scientifique a contribué à élargir la communauté des anti-vax, bien qu’après
les dispositions de passe sanitaire/vaccinal, 90% des Français soient vaccinés. On peut parler de
l’obligation vaccinale.
Par ailleurs, en 2020, 3 000 signalements ont été effectués auprès de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) dont 40% dans le domaine de la santé. Dans ce contexte, la Miviludes a été renforcée pour faire face à l’influence grandissante de « gourous », qui se servent du manque de recul sur la crise sanitaire pour développer leur communauté/notoriété.
Au regard des nombreux dérèglements climatiques et de notre vulnérabilité aux écosystèmes, il est
indispensable de faire de la science, un levier pour comprendre ces phénomènes et les anticiper.
PROPOSITIONS
1°) Pour créer des générations éclairées et donner les moyens/outils de développer un esprit
scientifique dès le plus jeune âge :
• dispenser des sessions de sensibilisation dédiés à la science dès la primaire, en faisant appel
à des professionnels de la santé/ des scientifiques /des industriels /des start-up /des
associations de patients, pour permettre d’éveiller la curiosité scientifique des enfants
(exemples : des cours de médecine/sémiologie vulgarisés et adaptés en utilisant des supports
tels que des films ou des dessins animés / initiation à la découverte du microscope..)
• intégrer la notion de rationalité dans les programmes scolaires, dès la maternelle et la
compréhension de la notion de « risque » et de « probabilité »
• créer un BAFA Sanitaire en 3ème, au moment du Brevet, pour permettre l’acquisition d’un
comportement sanitaire responsable.
• intégrer davantage des mesures d’incitation à la pratique du sport/activité physique et le
maintien d’une bonne hygiène de vie chez les Français, comme un bonus de réduction de
mutuelle et une modularité de la prise en charge.
2°) Être chef de file d’une filière européenne favorisant des plateformes technologiques
vaccinales intégrant de nouvelles filières / expertises
• un Galileo du vaccin qui fasse émerger une coopération scientifique et industrielle européenne
pour anticiper de nouveaux virus, comme pour le développement de l’ARN messager, en
anticipation des futures pandémies
• un programme Erasmus Scientifique visant à encourager les étudiant(e)s à davantage intégrer
des parcours/filières scientifiques
• créer une filière « One Health » combinant approche environnementale, scientifique et
sanitaire
3. Faire que la prévention soit dans tous les métiers/les filières, et faire de la
prévention un métier à part entière
Face à l’émergence et à la fréquence de pandémies, face au dérèglement climatique, à la croissance
et à la concentration démographique, il est nécessaire de prendre conscience que le « sanitaire » et
la prévention en santé, au même titre que le développement durable, doivent intégrer l’ensemble des
filières pour permettre à une nouvelle génération d’ingénieurs, de designers, de créateurs, de chefs
d’entreprise, d’architectes, d’anticiper les besoins de la société en prise avec des pandémies de plus
en plus fréquentes.
PROPOSITIONS
1°) La santé publique, la prévention et la promotion de la santé doivent devenir des
enseignements obligatoires et essentiels, dès les premières années de médecine.
2°) La santé, la science, le sanitaire et la prévention doivent constituer un module spécifique,
intégré dans toutes les formations pour favoriser l’innovation industrielle, une nouvelle approche,
des nouveaux outils, des designs, des services dédiés à mieux intégrer le sanitaire dans le quotidien
des Français.
3°) Créer une filière d’experts du sanitaire et de la prévention, qui puissent être intégrée dans
les entreprises et les administrations, au même titre que la RSE et le développement durable.
4. Faire de la pandémie un levier pour faire émerger une génération de
chercheurs créateurs, associés au rayonnement de leurs travaux dans le
monde
Pays de Pasteur, nous nous devons de relancer l’élan vers la recherche et lui offrir les moyens de
ses ambitions.
Nos chercheurs passent trop de temps à chercher des financements.
La loi de programmation sur la recherche, initiée et portée par le Professeur Berta, Député du Gard,
est une grande avancée qu’il faut déployer et faire connaître.
Il appartient à notre société d’offrir davantage d’opportunités à nos chercheurs pour qu’ils restent
sur le territoire.
PROPOSITIONS
1°) Encourager le financement de la recherche par un « crédit d’impôt sanitaire » pour les
entreprises soutenant des programmes – intégrés ou non – de recherche, dédiés à la prévention et au
sanitaire (épigénétique, vaccination, épidémiologie, …).
2°) Créer un corpus de règles spécifiques destinées à protéger et à financer les travaux de la recherche fondamentale, en créant un droit spécifique du chercheur inspiré par le droit d’auteur, créant un
droit moral et patrimonial incessible, imprescriptible attaché au créateur/chercheur.
3°) Faciliter la transformation des travaux de recherche en projet de développement en créant un
guichet unique/un lieu permettant d’apporter expertise, conduite, process, financement, collaboration pour mener à bien des projets innovants.
(1) Rapport ELABE : Les Français et la prévention santé (Décembre 2020)
(2) Rapport ELABE : Les Français et la prévention santé (Décembre 2020)
(3) RETEX est l’abréviation de « retour d’expérience » qui est une démarche visant tirer les enseignements, qu’ils
soient positifs ou négatifs, d’une situation, pour permettre d’améliorer les solutions de réponse. REFLEXE fait référence à une réaction immédiate en dehors de toute décision ou réflexion.
L’idée d’une loi RETEX/REFLEX est d’aboutir à un plan de gestion de crise qui puisse être déployé en fonction
de la situation.
Comments are closed.