Du 13 au 16 janvier ont eu lieu, à Paris, au Palais des Congrès, les 26èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie.
La mission de la Société Française de cardiologie est triple : faire avancer la recherche, améliorer les pratiques professionnelles et mobiliser les pouvoirs publics sur les maladies cardio-vasculaires.
Pendant trois jours, s’est donc réunie la communauté cardiologique française aux côtés de ses collègues des pays francophones. Plus de trente sessions plénières ont été organisées ainsi que de nombreux ateliers pratiques. Le fil conducteur de ce congrès était : « La cardiologie connectée ».
Pas anodin, ce choix traduit la volonté de répondre à l’exigence toujours plus forte de déterminer et d’orienter la démarche clinique au quotidien, au travers d’outils connectés qui permettent de disposer, en continu, d’informations précieuses sur les constantes vitales des patients. Les atouts de ces différentes nouveautés sont multiples. En effet, de nombreuses études, notamment dans le domaine des stimulateurs et défibrillateurs, ont démontré un gain de temps significatif entre la survenue d’une arythmie et la décision thérapeutique lorsque l’épisode est télétransmis. Ainsi, le moniteur ECG implanté (MEI) recueille de façon continue un signal pendant une durée pouvant atteindre 3 ans et s’applique ainsi parfaitement à la détection d’événements cardiaques épisodiques. La pertinence de ces applications santé se mesure surtout sur deux pathologies : l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque.
Selon Le Livre Blanc du Conseil national de l’Ordre des médecins (janvier 2015), les trois quart des médecins possèdent un smartphone ; parmi eux, 90% l’utilisent à des fins professionnelles et 50% l’ont doté d’applications médicales. Plus encore, selon cette même étude, 23% des Français déclarent utiliser un objet connecté, et 11% en auraient déjà adopté un dans le contexte santé/bien être.
Les cibles de ces objets connectés sont à la fois les médecins et les patients, mais aussi le grand public. Ces applications santé sont disponibles sur deux plateformes : iTunes et Google Play. Claire Bouleti, cardiologue à Paris, rappelle le lien indissociable qui existe entre la santé connectée et la prévention cardiovasculaire : « Rien qu’en disposant des antécédents des patients de manière adéquate, les diagnostics seraient améliorés et les cous diminués. Il est tout à fait possible d’imaginer nos patients venant au cabinet avec les résultats de leurs appareils de mesure connectés ».
Kamel Abdennbi, médecin cardiologue à Paris, insiste, lui, sur la « digitalisation de la santé pour accompagner les fumeurs à lutter contre leur dépendance tabagique ». L’aide connectée au sevrage tabagique permet en effet de mesurer la consommation du fumeur afin : – d’une part, de mieux connaître son profil – d’autre part, de lui apprendre à se gérer au quotidien L’avantage certain de ces nouveaux outils est qu’ils rendent les fumeurs acteurs de leur modification comportementale.
Par ailleurs, le professeur toulousain Jean Ferrières ne manque pas de rappeler le « succès historique » des hypolipidémiants (médicament dont l’action thérapeutique vise à diminuer les lipides circulant dans le sang) en prévention primaire et en prévention secondaire : « La prévention primaire est la seule mesure thérapeutique à pouvoir : – augmenter durablement l’espérance de vie des patients, – diminuer les nouveaux cas d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. »
En définitive, même si elle soulève encore de nombreuses questions concernant la protection des données médicales ou encore la fracture sociale qu’elle pourrait engendrer, l’émergence des applications santé constitue bien une petite révolution dans le monde médical.
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