Le Club des Acteurs de la Prévention a débuté l’année 2017 avec son traditionnel déjeuner de rentrée portant sur le thème « La prévention s’invite dans les programmes politiques », sous la présidence de nos deux co-présidents, Anne-Sophie Joly, présidente du CNAO et Jacques Wemaere, vice-président de l’UFSBD.
Nous avons eu l’honneur de recevoir un panel d’élus : Monsieur François Commeinhes, sénateur de l’Hérault, représentant Les Républicains; Monsieur Gérard Bapt, député de la Haute-Garonne, président du groupe d’études santé et numérique, représentant le Parti Socialiste; Monsieur Denis Jacquat, député de la Moselle, représentant Les Républicains; et enfin Monsieur Jean-Louis Touraine, député du Rhône, secrétaire de la commission des affaires sociales, représentant le candidat Emmanuel Macron. Ce déjeuner a été l’occasion pour les parlementaires de présenter les programmes politiques de santé des candidats ou des partis qu’ils soutiennent dans le cadre de la présidentielle de 2017.
Le programme politique du Club des Acteurs de la Prévention
Les contributions élaborées chaque année par le Club ont permis de façonner un corpus de propositions concrètes, réalisables et réalistes qui ont été présentées et soumises aux représentants des candidats à l’élection dans le cadre de ce déjeuner.
- Faire de la prévention une priorité et une réalité de la politique de santé en France.
- Agir en prévention dès le plus jeune âge.
- « Contrôler ma santé, sans que l’on contrôle ma vie », telle serait la devise d’un patient toujours plus connecté, informé et vigilant.
- Economie mixte de la prévention et une reconnaissance des « Entreprises en santé ».
Consultez le Programme politique Club Acteurs de la Prévention dans son intégralité.
Les propositions des candidats et des partis à la présidentielle
Monsieur Jean-Louis Touraine, député du Rhône, représentant d’Emmanuel Macron à ce déjeuner, a présenté en détail les propositions du candidat en ce qui concerne les politiques de santé.
Le candidat considère qu’il faut initier en France une révolution culturelle dont la première priorité serait la prévention. Pour opérer cette révolution, il s’agit de prendre conscience que les effets de la prévention sont immédiats et qu’il s’agit d’y consacrer d’avantage de moyens. Plusieurs axes de réorientation concrète ont été élaborés par le candidat, parmi lesquels :
- Transformer l’assurance maladie en assurance santé, et opérer une réorientation vers la prévention.
- Supprimer le clivage entre le curatif et le préventif; consacrer une partie du temps médical des professionnels de santé à la prévention (stage de 3 mois de formation dans les campagnes pour les étudiants en médecine, vacation dédiée à des missions d’éducation thérapeutique pour les médecins .)
- La prise en charge de certains soins par l’assurance maladie est insuffisante (soins dentaires, soins optiques, audition), l’objectif étant de les rembourser intégralement d’ici 2022.
Emmanuel Macron considère que la prévention est l’affaire de tous et qu’elle doit devenir un acte automatique pour les professionnels de santé.
Monsieur François Commeinhes, sénateur de l’Hérault, rebondit sur les propositions présentées par Monsieur Touraine en considérant que le corps médical n’est pas le seul acteur clé dans les actes préventifs. En effet, le corps enseignant, les urbanistes (installation des maisons de santé), les acteurs locaux, doivent aussi faire partie intégrante des actions concrètes de prévention dans la vie quotidienne des populations.
Monsieur le sénateur estime que l’incitation à l’activité physique quotidienne en est également un axe majeur.
Monsieur Gérard Bapt, député de la Haute-Garonne, président du groupe d’études santé et numérique n’est pas officiellement représentant de Benoît Hamon mais soutient néanmoins les positions du candidat concernant les politiques de santé à initier dans l’éventualité d’une victoire à la présidentielle. Monsieur Bapt décline la prévention en trois phases principales :
- La prévention primaire est le premier combat à mener : les facteurs tels que le cadre de vie, l’environnement quotidien, l’alimentation, ont un effet direct sur la santé publique. Les risques chimiques (tels que les pesticides néonicotinoïdes) doivent être dès à présent mesurés en s’appuyant sur les instituts de recherche, et certains produits à risques composant le marché agroalimentaire mondial doivent être interdits.
- L’éducation à la santé : la loi de santé a apporté des éléments positifs tels que le DMP, l’éducation thérapeutique, l’implication des collectivités territoriales. mais ces dispositifs sont compliqués à traduire sur le terrain.
- La prévention des accidents sanitaires, comme la pharmaco-vigilance, est une priorité majeure de santé publique.
Monsieur Denis Jacquat, député de la Moselle, siège à la Commission santé du Conseil de l’Europe ; il représente les positions du parti des Républicains à l’occasion de ce déjeuner. Il estime que la France excelle en curatif mais qu’elle a de sérieuses lacunes dans le domaine préventif. A titre d’exemple, la France détient le record de femmes qui continuent à fumer une fois enceintes. Partant du constat que ces actions sont bénéfiques aussi bien pour la patiente que pour l’économie, Monsieur le député estime qu’il faudrait davantage de volonté gouvernementale en faveur de la prévention en santé.
Il remercie le Club des Acteurs de la Prévention d’interpeller les hommes politiques sur ces questions de prévention.
A l’issu de ces présentations, les participants réunissant un panel d’acteurs du monde de la santé (associations de patient, syndicats professionnels, directeurs d’hôpitaux, établissements publics.) ont eu l’opportunité de réagir aux propositions des élus. Divers points ont été abordés tels que la médecine du travail, la vaccination pour les professionnels hospitaliers, l’ambulatoire, la réforme hospitalière.
Le co-président du Club Jacques Wemaere conclut qu’il n’y a pas de réels clivages entre les candidats et les partis sur le sujet de la prévention en santé, malgré quelques divergences de priorité. Les ambitions du Club des Acteurs de la Prévention consistent à faire en sorte que les lois votées soient effectivement appliquées, que la médecine préventive trouve sa place au sein du système de santé, et enfin que le budget de la santé alloué à la prévention en France soit transparent et chiffré.
Enfin, nos deux co-présidents appellent de leurs vœux que cette année 2017 soit dédiée à la prévention.
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