Le 22 mars dernier, le Club Acteurs de la Prévention a organisé un déjeuner thématique autour du « Bien vieillir ».
Selon l’INSEE, en 2050, un Français sur trois sera âgé de 60 ans ou plus, contre un sur cinq en 2005. Pour la première fois en Europe, les plus de 60 ans sont plus nombreux que les moins de 20 ans.
« Il n’y a jamais eu, en Europe, autant de personnes âgées vivant en même temps. Nous vivons une vraie révolution démographique. Le vieux continent devient le continent vieux. Or, nos politiques publiques n’en tiennent pas assez compte, notamment dans la loi de santé ou encore la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement. »
« Comme la formation, la prévention devrait être enseignée tout au long de la vie car elle constitue un véritable enjeu humain, citoyen et économique », souligne Serge Guérin, sociologue et spécialiste des questions liées au vieillissement de la société, invité à l’occasion de ce déjeuner thématique. Il a contribué depuis une quinzaine d’années à faire prendre conscience de la seniorisation de la société en insistant notamment sur ses effets positifs.
Selon lui, notre regard sur le vieillissement est « très en retard » et les représentations sur le sujet sont souvent « négatives ». « Nous avons tous rajeuni, seul notre regard sur l’âge n’a pas changé. Exemple frappant à l’appui : les retraités, considérés comme des inactifs, sont des actifs sociaux importants. Sans les 15 millions de retraités, notre tissu associatif serait plombé. L’accompagnement vers une retraite heureuse, en bonne santé, moins coueuse pour la sécurité sociale et utile pour les autres est une urgence », affirme Serge Guérin. Dans ces conditions, le vieillissement de la société doit devenir un levier d’innovations économiques et sociales. La transmission de valeurs, de savoirs et de connaissances entre les différentes générations doit, ainsi, être favorisée. Serge Guérin y consacre son dernier ouvrage[1], dans lequel il réaffirme que l’intergénérationnel marchera toujours, tant que les jeunes ont du respect pour leurs anciens et les considèrent comme source d’inspiration.
De son côté, Isabelle Dufour nous a présenté la création et les activités du Gérontopôle Ile-de-France Gerond’if, qui s’est structuré depuis fin 2013 et dont elle est déléguée générale. La mission des gérontopôles est de rapprocher et de dynamiser autour du vieillissement les acteurs de la recherche, du soin (en ville, à l’hôpital, en établissement médico-social), de la formation et de l’entreprise. Ils faciliteront le transfert de la recherche, du développement technologique vers le soin, le médico-social et les services apportés aux âgés.
Effectivement, en France, 41% des recherches dans le secteur du vieillissement sont effectuées en Ile-de-France, il y avait un besoin de les structurer et de créer ce pôle. Aujourd’hui, Gérond’if est labélisé et a pu recueillir un large soutien du paysage institutionnel et des acteurs territoriaux, la longévité et le vieillissement étant reconnus comme un domaine d’intérêt majeur (D.I.M) en 2017.
En terme d’activité, Isabelle Dufour met l’accent sur les mesures pour prévenir la perte d’autonomie des personnes âgées, notamment à travers des initiatives comme Futurage et Old up, mais aussi la sensibilisation des jeunes aux métiers pour accompagner les seniors et les ateliers du « Bien vieillir ».
Madame Pènda Bourrié, chargée de projet innovation sociale au sein du Groupe Macif, a présenté une opération de terrain qui a été menée à l’initiative de la Macif dans le département de l’Isère sur le « baluchonnage » des aidants, une solution de répit innovante. L’objet était d’expérimenter ce service de répit aux aidants et d’en évaluer l’impact pour les personnes aidantes et aidées. L’opération a démarré en octobre 2015 et a été financée par la Fondation Macif. Les résultats ont permis de démontrer un niveau de satisfaction élevé des aidants. Le baluchonnage permettrait également de créer des emplois et le maintien à domicile des personnes aidées. Une mission ministérielle a été portée par Madame Joëlle Huillier, députée de l’Isère, qui a présenté son rapport[2] le 22 mars en conférence de presse au Ministère des Affaires sociales et de la Santé. Il préconise notamment un modèle d’organisation du relayage en France, soutenu par l’ensemble des acteurs et organisations rencontrés lors des travaux.
Après ces échanges riches et informatifs, nos co-présidents Anne-Sophie Joly et Jacques Wemaere concluent sur le constat partagé par l’ensemble des intervenants que la prévention doit démarrer au plus jeune âge, partant du principe que les jeunes peuvent faire figure de prescripteurs au sein du cercle familiale, et qu’ils sont au demeurant les personnes âgées de demain. Ainsi, une prévention en santé accrue et soutenue par des politiques publiques au long terme permettrait de bien vieillir et de rester le plus longtemps possible en bonne santé.
[1] La guerre des générations aura-t-elle lieu ?, Serge Guérin et Pierre-Henri Tavaillot, Callmann Levy, janvier 2017
[2] « Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit », rapport de mars 2017, Joëlle Huillier, députée de l’Isère
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