Le 19 septembre 2018, le Club Acteurs de la Prévention s’est réuni pour un déjeuner conférence à la Terrasse du 7ème autour du thème « La prévention à l’école ». Sujet aussi vaste qu’il est primordial puisqu’il s’agit de transmettre, dès le plus jeune âge, les bons gestes en matière d’alimentation. Cette déjeuner s’est déroulé sous la co-présidence de Cyrille Isaac-Sybille, député du Rhône et de Gaël Le Bohec, député d’Ille-et-Vilaine. Nous avons également eu l’honneur de recevoir parmi nous Marie Tamarelle-Verhaege, députée de l’Eure.
L’éducation à la prévention passe surtout par l’éducation aux bonnes habitudes alimentaires. C’est ce qu’est venue nous expliquer Carole Galissant, directrice du pôle nutrition Education chez Sodexo. La restauration scolaire est un enjeu majeur de prévention. Les enfants y déjeunent environ 140 jours par an, ce qui représente un temps formidable pour l’apprentissage à la nutrition. Car si la cantine permet avant tout de sécuriser une alimentation quotidienne, elle permet d’éduquer au gout et à l’équilibre alimentaire. Aujourd’hui, nombreux sont les enfants qui ignorent tout de ce qu’ils mangent, « qui ne savent pas faire la différence entre un courgette et une aubergine » et ignorent tout des gestes à adopter pour avoir une alimentation saine et ainsi, rester en bonne santé. La cantine scolaire est un lieu ou cette éducation peut se faire, où cette éducation doit se faire.
Le débat sur l’éducation à la nutrition n’est pourtant pas nouveau et les jeunes élèves ont déjà pu recevoir des cours sur l’équilibre alimentaire. Mais selon Carole Galissant, expliquer aux enfants la différence entre les glucides, les lipides et les protéines n’a pas eu les effets escomptés et n’a pas eu d’incidence sur les comportements des jeunes consommateurs. Car les enfants apprennent avant tout par le jeu. Et c’est cette approche « ludo-pédagogique » que la diététicienne souhaite intégrer dans les cantines, afin de sensibiliser les jeunes palais à des saveurs nouvelles et de sensibiliser les enfants au parcours effectué par l’aliment avant de se retrouver préparé dans leurs assiettes. Ainsi, il s’est avéré concluant de relier les enfants au cuisinier, de leur faire découvrir l’origine des produits qu’ils consomment ou encore de les faire participer à des cours de cuisine. Certaines initiatives visent à « territorialiser les produits » en ayant recours à des circuits courts, ou encore à proposer aux jeunes des aliments en fonction des saisons et de leur style de vie. Madame Galissant rappelle qu’il est néanmoins important d’effectuer toutes ces initiatives en évitant de mettre trop de pression sur les enfants pour qu’ils adoptent ces comportements. Si pour certains il peut s’avérer difficile de suivre les prescriptions dans leur environnement familial, d’autres peuvent développer des troubles du comportement alimentaire face à trop de pression. Il s’agit donc d’avoir un langage adapté à un public jeune. Elle souligne l’influence et le rôle très positifs des youtubeurs, qui travaillent en collaboration avec des diététiciens et les pouvoirs publics afin de transmettre des messages de prévention adaptés aux publics qui les regardent. Enfin, l’une des composantes essentielles de la prévention à l’école est la responsabilisation les élèves dès le plus jeune âge. Ainsi intégré dans le processus de décision, et de confection des activités de prévention, ces actions auront bien plus d’impact sur des élèves qui se montrent finalement très réceptifs aux questions de prévention.
C’est un constat également partagé par Cédric Arcos, Directeur général adjoint du Conseil régional d’Ile-de-France. Rappelant l’importance d’adopter une démarche de prévention transversale dans toutes les politiques (Transports, santé, éducation..) qui contribue à l’attractivité du territoire, la région s’engage, pour déployer des mesures de prévention concrètes à l’école. Lycées, formation des professionnels de santé ou encore développement économique sont autant de leviers que la région IDF actionne pour permettre une amélioration de la prévention.
Ces actions naissent d’une vision politique permettant le développement d’un écosystème favorable à la santé.
Ainsi, Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Ile de France, a décidé de faire de la question de la prévention une priorité en se fixant quatre axes majeurs sur lesquels s’orienter. De l’Hygiène de vie, aux conduites addictives en passant par l’éducation à la vie affective et sexuelle, et enfin les souffrances psychiques et risques suicidaire, la région aborde un large spectre des enjeux de santé qui touchent les jeunes. Ainsi le travail du CRIPS, le Centre Régional d’Information et de Prévention du Sida a été réorienté sur la prévention et la santé des jeunes. Mais la prévention pour la santé et le bien-être des jeunes à l’école passe également par des enjeux plus larges de travail sur l’estime de soi et la lutte contre le harcèlement. Ce dernier de plus en plus souvent se déplace hors des murs de l’école pour suivre l’enfant chez lui via internet. Pour y remédier, la région Ile-de-France a également travaillé en collaboration avec des youtubeurs.
Ainsi la prévention à l’école est l’affaire de tous. Le personnel scolaire, les décideurs politiques, la restauration collective, ou encore les « influenceurs » sur internet, chacun peut jouer un rôle pour transmettre les messages essentiels. Mais la prévention passe avant tout par la participation des jeunes aux décisions qui les concerne. La prévention est donc avant tout affaire d’implication !
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