A une époque où le bruit est omniprésent dans l’environnement, où le silence est une denrée rare, l’oreille est plus que jamais un organe à ménager et à protéger. Les problèmes de l’audition ne sont pas rares, bien au contraire. En France, une personne sur quatre souffre d’acouphènes alors que dans des régions plus reculées du monde, cette pathologie n’existe pas. Notre environnement bruyant est donc générateur de maux et de troubles de l’audition. Alors comment prévenir la perte de l’audition ? Le docteur André Chays nous a fait l’honneur de nous expliquer le fonctionnement de l’oreille, les mécanismes de l’ouïe et comment empêcher, autant que faire se peut, la perte de l’audition, à l’occasion d’un déjeuner thématique organisé par le Cercle des Acteurs de la Prévention le 23 mai 2018 à l’Institut National des Jeunes Sourds. Nous avons également eu l’honneur d’être en présence de Monsieur de le député Cyrille Isaac Sibille, lui-même otorhino et chargé au parlement d’une mission d’information sur la prévention santé.
La prévention de la perte de l’audition se décline à tous les âges de la vie. Le premier geste est la vaccination de la mère contre la rubéole afin de protéger le fœtus, qui, dès dix-neuf semaines est réceptif aux bruits. Les 24 premiers mois après la naissance sont critiques dans la détection de pathologies de l’audition. En effet, 1 enfant sur 1000 nait malentendant. Les idées reçues courent sont pléthores sur les sourds une grande majorité de la population en France pense qu’une personne entendante ne peut pas avoir d’enfant sourd. Pourtant la moitié des enfants qui naissent avec des problèmes d’audition n’a pas d’antécédent familiaux ni de facteur de risque et environ 95% des enfants sourdes naissent dans une famille oralisante. Dans ces conditions il est parfois difficile de détecter le défaut d’audition. Or ces 24 premiers mois sont décisifs afin de prendre en charge l’enfant. Le cerveau de l’enfant, en effet, aura été habitué à la surdité, et les aires du cerveau liées à l’audition, inutilisées pendant deux ans, auront été colonisées par d’autres aires. A ce stade, l’appareillage s’avère inutile. Le dépistage est donc la meilleure prévention contre la perte de l’audition chez le très jeune enfant, comme l’illustre l’exemple de la région Champagne-Ardenne, qui a mis en place un dispositif de dépistage des nourrissons à l’âge de 3 mois et demi depuis 17 ans. La prévention de la perte de l’audition, c’est donc le dépistage précoce des nourrissons.
De 6 à 55 ans, les troubles ORL sont rares. C’est à partir de 55 ans que l’oreille, abimée par les années, devient plus fragiles. Car en effet l’oreille, organe étonnant de complexité, n’est pas éternelle. Elle se fatigue et il est normal qu’à partir d’une soixantaine d’années, elle ne puisse plus remplir aussi efficacement toutes ses fonctions. La perte de l’audition avec l’âge, généralement en raison d’une presbyacousie, est donc un phénomène naturel puisque l’oreille abimée perçoit moins les fréquences aigues. Bien que naturelle, ce n’en est pas moins une pathologie physique qui a des conséquences directes sur la vie de celui qui en souffre, d’autant plus s’il en est atteint à un âge avancé.
Le professeur Chays décrit cette spirale sociale du malentendant qui conduit à un isolement progressif des patients, qui en raison de leur perte d’audition développe des techniques d’évitement social ou, dans certains cas, en viennent à craindre leur environnement. La détection des problèmes d’audition le plus tôt possible est indispensable pour que le patient puisse s’adapter psychologiquement à sa condition, mais également afin que l’entourage l’accompagne.
Par ailleurs, la perte de l’audition est trop souvent encore stigmatisée comme étant un signe de perte de performance et de force, et nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas être appareillé afin de cacher le plus longtemps possible leur invalidité naissante. Pourtant, une meilleure détection de la perte d’audition et un appareillage rapide permet au patient de conserver son audition. Selon le professeur Chayz, il est donc nécessaire de communiquer sur la perte de l’audition afin de faire cesser les stéréotypes qui lui sont affiliés.
Pour plus d’informations, nous vous conseillons l’ouvrage du professeur André Chays, Naissance, vie et mort de l’oreille, (2008) aux éditions Amplifon.
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