Le télétravail a-t-il bouleversé notre vie et notre santé ?
Présentation de Stéphanie Pistre, coordinatrice des Acteurs de la Prévention
Selon un rapport récent de l’Institut Sapiens, la massification du télétravail concernerait 25% des salariés à l’heure de la crise sanitaire. Alors que le télétravail était auparavant perçu comme une solution permettant une meilleure qualité de vie au travail, la crise sanitaire a engendré un recours massif au télétravail pour les salariés. Force est de constater que les salariés n’y étaient pas toujours préparés : entre manque de matériel, porosité entre vie professionnelle et vie personnelle, télétravail ne semble pas toujours rimer avec bien-être. En effet, sur la durée, le télétravail peut avoir des effets néfastes sur la santé psychique et physique du salarié. Monsieur le Sénateur Stéphane Artano va ainsi nous présenter la loi santé au travail dont il est rapporteur au Sénat, fixant un cadre pour les télétravailleurs qui soit plus respectueux de leur santé.
Présentation de Monsieur Stéphane Artano, Sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon, président de la délégation sénatoriale aux outre-mer
Monsieur Stéphane Artano est auteur d’un rapport d’information du 2 octobre 2019 pour un service universel de santé au travail. Spécialiste de la question de la santé au travail, il est rapporteur de la proposition de loi de la députée Charlotte Lecocq pour renforcer la prévention en santé au travail, adoptée à l’Assemblée Nationale, et qui sera présentée prochainement au Sénat. Le télétravail peut-il être l’avenir ? La proposition de loi fixe-t-elle un cadre juridique solide pour le télétravail ?
Selon Stéphane Artano, le développement du télétravail n’a pas été fulgurant en France, on estime selon la DARES (direction de l’Animation, de la Recherche, des Études et des Statistiques), que 3% des salariés pratiquaient au moins une fois par semaine le télétravail en 2017. On estime en 2019, que seuls 9% des salariés pratiquent le télétravail, tandis que 20% des salariés dans l’Union Européenne l’ont intégré. Un rapport de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) de 2020 montre que le télétravail, en plein pic de covid-19 a été règlementé par le Code du travail et les accords nationaux interprofessionnels. Les partenaires sociaux ont établi un diagnostic avant d’enclencher un processus de négociations. Le 26 novembre 2020 marque la date du second accord interprofessionnel sur le télétravail. Ainsi, le télétravail bénéficiait déjà d’un cadre juridique, avant la loi Santé au travail.
Il faut garder à l’esprit que la loi santé au travail présentée par Madame la Députée Charlotte Lecoq est la traduction d’un accord national interprofessionnel et c’est une grande première. Une disposition relative au télétravail a été intégrée suite à une étude réalisée en novembre 2020 qui rapporte que 40% des salariés ayant exercé en télétravail ont ressenti de l’isolement. Ainsi, l’article 4622-2 du code du travail a été modifié selon le libellé suivant : Les services de santé au travail ont pour mission exclusive d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail. A cette fin, ils : 1° Conduisent les actions de santé au travail, dans le but de préserver la santé physique et mentale des travailleurs tout au long de leur parcours professionnel. » est ajouté un 1° bis : « 1° bis Apportent leur aide à l’entreprise, de manière pluridisciplinaire, pour l’évaluation et la prévention des risques professionnels ; »
1° bis (nouveau) Au 2°, après la première occurrence du mot : « travail », sont insérés les mots : «, en tenant compte le cas échéant des particularités du télétravail » ; Ainsi, la loi prévoit une nouvelle compétence pour les services de santé et de sécurité au travail, qui peuvent apporter leur aide, pour l’évaluation et la prévention des risques professionnels, en tenant compte des particularités du télétravail. » Ainsi, l’Assemblée Nationale montre sa volonté de nourrir le corpus juridique relatif au télétravail.
Selon le Sénateur Artano, l’accord du 26 novembre 2020 a précisé les choses de manière satisfaisante. Cependant, il existe plusieurs réserves, que la loi ne prévoit pas. L’employeur n’a aucune maîtrise sur l’environnement de travail du salarié, ce qui est susceptible de complexifier le régime de responsabilité des entreprises. Réserve : l’employeur ne maîtrise pas l’environnement de travail. L’enjeu demeure : Comment passer d’un télétravail subi à un télétravail choisi ?
En outre, au-delà d’un corpus juridique relativement nourri, le risque de développement des troubles psychosociaux et la rupture du lien social posent toujours question.
Présentation de Pierre-Yves Grangier, directeur du pôle Santé chez Page Executive : L’impact du télétravail sur le recrutement
Comment les recruteurs vont-ils s’adapter à la réalité du télétravail ?
- Tendances
Le télétravail est en train de se pérenniser au sein des missions de Page et de leurs clients. On peut observer certaines tendances. Le télétravail commençait déjà, avant la crise sanitaire, chez les clients de Page, à devenir une aspiration. A la clé, une meilleure qualité de vie. Mais il est important de préciser que 62% de la population active n’est pas concernée par le télétravail. En effet, en France, nous avons une économie tournée davantage vers les services. Ainsi, dans les secteurs de : l’assurance, du conseil, des nouvelles technologies, un nombre d’important d’entreprises sont passés en 100% télétravail. Dans l’administration, on observe que le télétravail tend à s’installer. Cependant, dans les métiers du commerce, de l’hôtellerie, de l’éducation ou du BTP, la mise en place du télétravail est difficile à mettre en œuvre.
- L’impact sur le recrutement
Toutefois, le télétravail a un impact significatif sur le recrutement. En effet, le recrutement à distance ne procure pas la même aisance relationnelle tant du point de vue des candidats que des clients. Par ailleurs, le candidat a davantage de possibilités, le critère géographique tend à disparaître. On peut tout à fait imaginer qu’un candidat doive se rendre sur son lieu de travail que deux à trois jours par semaine, et le reste en télétravail.
- Des impacts sur les méthodes de management
En conclusion, ce que l’on peut constater chez les clients et candidats c’est qu’il y a une attractivité du télétravail pour les raisons suivantes : temps de trajet, montée en autonomie, gain de temps pour plus de temps partagé en famille, maintenir une activité en pleine crise sanitaire, réduction des inégalités devant l’emploi pour les personnes à mobilité réduite, déconcentration des centres ville et qualité de vie à la campagne. Cependant, le télétravail présente certains inconvénients : la culture du présentéisme en France, la peur de l’isolement, la porosité entre vie professionnelle et vie personnelle, les problèmes de santé, les inégalités au niveau des conditions de travail.
Présentation de Monsieur Pierre Verchère, fondateur de l’Institut pour l’Ergodynamie (IPE), président de la société VEPI
Monsieur Verchère a fondé la société VEPI en 1995. Son rôle est d’apporter des solutions en matière de mobilier réglable et d’éduquer le corps, afin de ne pas être affecté par notre mode de vie trop sédentaire. Monsieur Verchère a observé ce qu’il se passait dans les pays nordiques, qui ont révolutionné l’assise grâce à de nombreuses techniques.
Compte-rendu du rendez-vous connecté du mardi 16 mars 2021, rédigé par Julia Ghrenassia
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